Le FN s’oppose à l’aide aux réfugiés de Kobanê



FRANCE - (LM) La Ville de Septèmes-les-Vallons vote des crédits humanitaires exceptionnels pour cinq communes kurdes confrontées à un afflux de population fuyant Daesh. Refus des élus lepénistes.

Face à l’urgence humanitaire au Kurdistan provoquée par l’offensive des combattants de Daesh, la municipalité de Septèmes-les-Vallons, conduite par André Molino (PCF), a décidé d’une aide humanitaire exceptionnelle à cinq communes kurdes confrontées à un afflux de réfugiés.

 
Une initiative de solidarité pas vraiment du goût des élus FN qui s’y sont opposés jeudi dernier lors du conseil municipal au motif que les 1 000 euros en jeu seraient plus utiles « ici » et qu’à Septèmes aussi « la misère existe ».
Des propos jugés démagogiques par la majorité municipale qui a choisi de répondre à l’appel de l’association France-Kurdistan adressé aux 36 000 collectivités locales françaises « sur la situation de plusieurs communes du Kurdistan turc qui ont besoin d’une aide financière immédiate suite à l’arrivée de milliers de réfugiés du Kurdistan irakien et du Kurdistan syrien, chassés par les pratiques barbares et les armes lourdes des jihadistes de "l’État islamique" », rappelle Hocine Ben-Saïd, le conseiller municipal délégué à la coopération décentralisée et aux relations internationales.
Les cinq villes bénéficiaires du soutien de Septèmes sont Sirnak (300 000 habitants), Diyarbakir (800 000 habitants), Mardin (130 000 habitants), Batman (300 000 habitants), Siirt (100 000 habitants). « Ces derniers mois, ces communes ont vu leur population augmenter en moyenne de 10% du fait de l’afflux massif de réfugiés. Ces communes ne disposent pas du soutien de l’État turc, dont au passage il faut relever l’attitude ambiguë dans le conflit et le double langage concernant sa volonté de combattre les jihadistes. Cela rend encore plus indispensable la solidarité avec un peuple dont l’unité est construite autour de la langue et de la culture », souligne Hocine Ben-Saïd.
Pas de quoi convaincre les élus lepénistes pourtant prompts à dénoncer le danger jihadiste, à affirmer leur soutien aux minorités du Moyen-Orient « en particulier aux chrétiens » -il est vrai- selon les propos de Marie-Christine Arnautu, vice-présidente du FN, et à s'inquiéter des flux migratoires vers l’Europe pourtant générés par l’absence des conditions minimales de survie dans les pays du Sud.
Malgré les interventions d’Elisabeth Perrenot-Marque, de Philippe Nercy et de Patrick Dubessé, élus de la majorité municipale, les appelant à leur devoir de solidarité et de responsabilité, les deux élus FN présents Martine Carmona-Fornerone, Patrick Fornerone, porteur de la procuration de la troisième membre de leur groupe Christelle Niel, ont maintenu leur opposition. Quant au groupe de droite, il était absent du conseil ce soir-là.

« Moins d’un millième des fonds propres du budget »
« La commune de Septèmes est loin d’être dans la démesure. Toutes actions confondues (Afrique de l’Ouest, Arménie, Maghreb, échanges franco-allemands, projets avec le Piémont, la Ville de Septèmes consacre moins d’un millième des fonds propres de son budget de fonctionnement à la coopération décentralisée et à la solidarité internationale », rappelle pour sa part Patrick Magro, président du groupe « Pour une commune solidaire » (communiste et partenaires). L’élu insiste sur « l’effet levier » des petites sommes votées par Septèmes qui favorisent l’intervention d’autres collectivités, de l'État et des associations.
« En affirmant notre solidarité avec ceux qui sont reconnus, chaque jour un peu plus, comme un rempart contre la barbarie et le jihadisme, nous avons fait d’abord preuve d’humanisme et de bon sens. Sans plus. Nous avons apporté notre modeste pierre à la paix. Comprendre cela semble hors de portée du Front national », conclut-il.